Le côté obscur de Merlin
Dans la tradition médiévale catholique, Merlin a été créé par des démons pour provoquer la chute du christianisme.
Il est l’un des personnages les plus importants de la légende arthurienne. Il assure le trône d’Angleterre au roi Arthur. Il joue un rôle fondamental dans les premières années d’Arthur.
Cependant, il n’est pas le simple héros qu’il semble être. Il est le magicien le plus célèbre et le plus ancien de la légende arthurienne. Il apparaît dans presque tous les textes d’Arthur. Il est aussi important que le fils d’Uther Pendragon et de Ygraine de Cornouilles, le roi Arthur.
Merlin est né bien avant Arthur. Il utilise ses connaissances prophétiques et ses vastes compétences magiques pour permettre la conception et la naissance d’Arthur. Il aide ensuite à favoriser et à éduquer le jeune roi. Il aide Arthur à gagner sa place sur le trône d’Angleterre. Il l’aide à établir la table ronde et à combattre les nombreuses personnes qui menacent les premières années de son règne.
Merlin façonne fondamentalement le royaume que le roi Arthur développe. Arthur ne serait pas roi sans Merlin. Arthur n’existerait même pas sans Merlin.
Dans les versions contemporaines de la légende, Merlin est presque toujours décrit comme bon. Il est un professeur maladroit mais sage. Il est également un jeune magicien insensé mais adorable qui parvient toujours à vaincre les forces du mal qui affligent Camelot.
Des personnages comme Gandalf ou Dumbledore sont peints à son image. Ils sont toujours représentés comme puissants mais justes. Ils se battent pour une cause juste et honorable. Ils se battent pour vaincre toutes les forces du mal qui menacent le monde.
Les origines de Merlin
Le personnage de Merlin vient à l’origine de la mythologie païenne. Ses origines sont liées à diverses figures de la tradition celtique. Il est le plus étroitement associé au premier gallois Myrddin, un prophète qui s’est enfui dans les bois pour vivre comme un homme primitif.
Lorsque Merlin passe à la tradition chrétienne, on lui fera conserver ces racines sous des formes mauvaises, maléfiques et non chrétiennes.
Il apparaît pour la première fois sous la forme familière aux lecteurs d’aujourd’hui dans Geoffrey of Monmouth’s History of the King’s of Britain .
Là, il prend la forme d’un puissant prophète-sorcier qui aide le jeune Arthur à s’emparer du trône d’Angleterre. Il reçoit également une filiation démoniaque par Geoffrey de Monmouth qui appelle Merlin un « garçon sans père » parce que sa mère biologique est une religieuse qui jure n’avoir jamais connu, bibliquement, un homme. Ce sont donc les auteurs médiévaux qui établissent l’héritage démoniaque de Merlin.
Il devient malgré tout un incontournable de la légende arthurienne et apparaît dans toutes les versions tout au long du Moyen Âge.
Interrogée sur les origines de Merlin, sa mère prétend avoir été visitée par la forme d’un beau jeune homme. Ce magnifique fantôme est identifié dans le récit comme un démon-incube, sorte de démon que les médiévaux croyaient capable de fertiliser les femmes.
Geoffrey n’est pas vraiment intéressé par les origines de Merlin. Il ne s’attarde donc pas sur ce démon particulier. Mais il établit un lien direct entre Merlin et le démoniaque.
Cet héritage démoniaque de Merlin est présenté de manière plus perverse par les premiers écrivains français. Ils suggèrent que Merlin a été engendré par des démons pour être l’antéchrist de la Bible.
Ces récits relatifs à la conception de Merlin démarrent par une conversation entre les démons. Ces récits décrivent comment Lucifer a été chassé du ciel avec un groupe de démons et comment, après leur chute, ils entendent parler du Christ. Ils décident alors de créer leur propre représentant sur terre.
Ils voulaient quelqu’un qui puisse raconter aux humains leurs actes, leurs modes de vie et leurs objectifs afin d’attirer vers eux les âmes damnées. Ils décident aussi que cette personne devra avoir leurs pouvoirs étendus afin de mieux convaincre l’humanité de leur message. Leur espoir est que cet enfant rendrait le monde plein de malheur et finirait par détruire la chrétienté.
Après cette conversation, les démons choisissent et fécondent la fille la plus jeune et la plus belle, la plus innocente également. Merlin est né peu de temps après pour agir en tant qu’antéchrist.
Les pouvoirs démoniaques de Merlin
Les pouvoirs démoniaques et magiques de Merlin lui sont donnés pour l’aider à remplir son rôle d’antéchrist. Il est un prophète qui peut voir tout ce qui s’est passé, qui se passe dans le présent et qui se passera dans le futur. Merlin est le plus célèbre devin au Moyen Âge.
Mais ces pouvoirs de préscience vont d’abord lui permettre de sauver sa mère d’une persécution injustifiée. Ensuite, ils lui permettent de présider aux victoires d’Arthur au combat en s’assurant que les troupes royales soient exactement au bon endroit, au bon moment.
Le fait que les pouvoirs de Merlin proviennent directement de sources démoniaques devrait faire de lui un personnage incroyablement diabolique. Paradoxalement, il était capable d’être le merveilleux magicien que l’on connaît, justement parce que ses origines sont maléfiques.
Son libre-arbitre lui faisant choisir le côté le plus juste moralement.
Merlin et la magie
La magie faite grâce à l’intervention de démons était considérée comme la pire au Moyen-Âge. Évoquer ou utiliser le pouvoir maléfique pour faire de la magie était fondamentalement une hérésie. Et, quiconque tentait d’invoquer des démons, était sévèrement puni par l’Eglise.
Le fait que la magie de Merlin soit littéralement démoniaque, sans oublier le fait qu’il a été créé pour être l’antéchrist, devrait signifier que Merlin a été condamné à être, dès ses origines, un personnage machiavélique. Mais il ne l’était pas. Pas du tout, même.
Au Moyen Âge, les origines démoniaques de Merlin n’ont pas nui à sa réputation. Il est resté un héros bon, juste et donc, chrétien.
Dès sa naissance, il subit une série de rituels chrétiens pour s’assurer qu’il est du bon côté. Dès lors, l’idée qu’il était un antéchrist maléfique destiné à démolir la chrétienté ne fonctionnait pas vraiment avec la réputation et l’image que les gens s’en faisaient.
Les différents auteurs passeront beaucoup de temps à souligner qu’il est immédiatement baptisé et introduit dans la légitimité chrétienne. Il dénonce les démons qui l’ont engendré. Il sera toute sa vie un bon héros chrétien. On l’appelle même le messager de Dieu sur terre.
Merlin, un héros du Moyen-Âge
Merlin était un héros très important au Moyen Âge. Son rôle, en veillant à ce que le légendaire roi Arthur devienne roi, signifiait qu’il détenait un poids historique et culturel considérable à l’époque médiévale.
Ce qui est assez intéressant, c’est qu’il conserve les pouvoirs démoniaques de son père même s’il y renonce. Et, en renonçant à ses origines démoniques, il reçoit dès lors ses pouvoirs directement de Dieu. Sa capacité à voir l’avenir provient ainsi directement de Dieu.
Merlin se retrouve avec des pouvoirs à la fois démoniaques et divins. Il est fondamentalement tout-puissant. Il peut tout voir dans le passé, dans le présent et dans le futur. Il tire ses vastes capacités magiques de deux sources antagonistes. C’est ainsi qu’il est capable d’effectuer une magie extraordinaire.
Il obtient le meilleur des deux mondes. Il peut puiser dans les pouvoirs magiques de sources démoniaques mais n’est jamais condamné comme maléfique. Il devient, du coup, une sorte de paradoxe. Il est à la fois démoniaque et chrétien. Il est à la fois hasardeux et héroïque.
Cette contradiction paradoxale est souvent absente des versions contemporaines de son histoire. Alors que c’est cette même dualité qui a fait de lui un personnage si convaincant pour le public médiéval.
Il marchait sur une ligne fine entre le bien et le mal. Nul ne savait jamais s’il pourrait tomber, s’il franchirait la ligne. De la provient son magnétisme contemporain.
