La magie de Noël, c’est quand les visages des enfants s’illuminent assis sur les genoux du Père Noël ou lorsque l’on ressent une sensation indescriptible en ouvrant un cadeau spécial, d’une personne spéciale. La magie de Noël, c’est tout et tellement d’autres choses. C’est des moments pleins d’émotions et de partages. C’est juste magique quand c’est parfait … ou quand on est enfant.
La magie de Noël
Si de nos jours, le mot “magique” est synonyme de truc de fou, le mot “miracle” est un raccourci pour parler d’un coup de chance inattendu. Pourtant, il fut un temps pas si lointain où ces concepts étaient pris très au sérieux, au pied de la lettre même.
Aujourd’hui, le concept de magie est largement utilisé comme métaphore. Et des miracles ont tendance à être vus presque partout pendant la période de Noël.
Plutôt que d’être une métaphore, pendant des milliers d’années, la magie, pratique de croyances et de rituels pour manipuler les forces naturelles et surnaturelles, a été considérée comme un phénomène très réel. Les shamans, les sorciers, les druides et les mages étaient réputés pour leurs capacités magiques. Leurs pouvoirs étaient à la fois redoutés, respectés et recherchés par le petit peuple.
Issu du grec magos , le mot magie signifie magiciens ou astrologues. En Perse, les prêtres et prêtresses zoroastriens chargés d’accomplir les cérémonies et rituels, étaient considérés comme des sorcières et des sorciers, adorateurs du diable.
Magie de Noël et christianisme
Dans son évangile, Luc raconte comment l’archange Gabriel lâche tranquillement à Marie que le Saint-Esprit concevrait l’Enfant dans son sein. Il lui balance aussi que 3 Mages ont suivi une étoile à Bethléem pour s’en aller joyeusement présenter leurs hommages à l’Enfant. De là, l’histoire de la nativité s’est intrinsèquement associée à la magie païenne et aux miracles chrétiens.
Les cadeaux qu’ils apportaient étaient considérés comme des objets de luxe connus pour leurs propriétés magiques. L’encens et la myrrhe étaient des ingrédients importants, utilisés pour éloigner les mauvais esprits. Ils permettent le contact avec les dieux et les déesses. L’encens se trouve également dans une potion magique avec d’autres ingrédients tels que « la bouse d’un babouin à tête de chien » et « des œufs d’un bouquetin ». La myrrhe est une substance miraculeuse qui peut prolonger la vie au-delà de la mort.
Les allusions à la magie dans l’histoire de la nativité, et en particulier la nature des mages qui se sont pointés avec des cadeaux magiques, ont été minimisées au fil des siècles. La magie est mal vue dans la Bible. De plus, l’association des mages avec des sorciers et des adorateurs du diable était problématique pour l’Église primitive. De nombreux passages bibliques mettent en garde contre la divination, la nécromancie, la conjuration des esprits, la divination et la sorcellerie. On conseillait aux gens de faire attention lorsqu’ils communiquaient avec les esprits. Car “de nombreux faux prophètes sont sortis dans le monde”. De toute manière, les praticiens de la magie étaient considérés comme une abomination par l’Église. Voilà, c’est dit !
Magie des 3 Rois-Mages
L’histoire de la nativité mélange la magie et l’astrologie utilisées comme GPS sur Google Maps par les mages pour les conduire à leur destination, une étable. Il fallait, dès lors, apaiser les craintes des croyants au sujet des pouvoirs démoniaques que les mages possédaient. Du coup, l’Église a trouvé une explication pour justifier religieusement tout ça. Le but sacré de leur voyage justifiait cette utilisation exceptionnelle de la magie. On décida également que les Mages seraient dorénavant les 3 Rois-Mages. L’histoire d’adultes aimant un Enfant et lui offrant des cadeaux un 25 décembre était née. Boum ! C’était réglé pour les siècles à venir. Il n’y avait plus qu’à faire perdurer en délocalisant les usines de jouets en Chine et de se faire livrer par Amazon.
En 1374, la magie est officiellement déclarée hérésie par le pape Grégoire XI. Parce que, prétendit-il, la magie est quand-même pratiquée avec l’aide de démons, les gars.
Parallèlement, l’Église a cherché à établir une distinction entre la magie, pratiquée par des sorcières et sorciers païens, et les miracles, accomplis par des saints chrétiens ou, en toute simplicité, par Dieu lui-même. La distinction est ténue.
Le petit peuple
Le pauvre peuple se mélangeait les pinceaux entre croyances populaires, religion, superstition, magie et miracles. Et, pour optimiser les temps des siècles à venir, on décida d’apprendre à ce petit peuple les différences entre tous ces concepts. Il fallait donc démontrer le côté surnaturel du christianisme.
Les païens, que nos ancêtres étaient, n’auraient jamais accepté le christianisme basé sur les seules doctrines théologiques abstraites. Alors, plutôt que d’essayer de les convaincre d’abandonner leurs croyances en la magie, l’Eglise a exploité leurs peurs en transformant les anciennes divinités en démons. On enseigna aussi à cette engeance de mécréants que les miracles chrétiens étaient plus puissants que la magie païenne.
Dans un effort louable pour démontrer la différence entre la magie et les miracles, des histoires de duels entre Saints chrétiens et sorciers ou druides ont été racontées tout au long du Moyen Âge. C’est dans ce contexte que tous les récits miraculeux relatés depuis se sont développées. Et pour aller encore plus vite, on adapta les fêtes du calendrier païen pour les associer aux fêtes catholiques, comme Noël ou encore Pâques.
Magie de Noël
Pourtant, nos aïeux païens et têtus continuaient, malgré les avertissements de l’Église, de consulter les magiciens, qui étaient incroyablement populaires. Il faut dire que ces derniers fournissaient quand-même pas mal de services, allant de la guérison des malades à recherche d’objets en passant par la divination. Ces services étaient particulièrement pertinents en hiver où tout est noir, sombre et froid.
De nombreuses coutumes, liées à la magie de l’hiver, ont été documentées. Les païens utilisaient des rituels magiques lors du solstice d’hiver pour mieux repousser les mauvais esprits. Les rites chrétiens les ont repris et adaptés pour les utiliser à Noël.
Les 12 jours entre le 25 décembre et le 6 janvier étaient connus comme les « nuits agitées ». Ces jours-là, le voile entre notre monde et le monde des esprits était le plus mince. La horde sauvage d’Odin traversait les cieux du Nord. Des êtres spirituels étranges combattaient entre la lumière et les ténèbres. Les énergies vivantes d’autres plans d’existence étaient présentes. Des rituels étaient utilisés pour conjurer toutes sortes d’influences démoniaques et s’assurer de la renaissance du soleil, le Sol Invictus, après le solstice d’hiver, jour le plus court de l’année.
Magie des plantes
De nombreuses plantes et herbes associées à Noël prennent toute leur signification dans les temps anciens. Elles avaient de la magie en elles. Du coup, les sorciers peignaient les maisons, étables et écuries avec des herbes médicinales. Les gens brûlaient des plantes pour contrer les démons.
Les conifères tels que le houx, le lierre et le gui portent tous des fruits en hiver. Ils étaient donc considérés comme des manifestations physiques et réelles de la vie durable à renaitre à une période de l’année où tout est mort ou endormi.
Les plantes étaient utilisées par nos irréductibles païens comme sacrements afin de s’assurer croissance et fertilité. Le gui était considéré par les druides comme la plante la plus sacrée avec, à la fois, des attributs magiques et des propriétés médicinales. Les Romains ont exterminé les druides. Pourtant, les traditions druidiques relatives au gui ont perduré jusqu’à aujourd’hui, dans les coutumes de Noël.
La veille de Noël, on effectuait des rituels pour augmenter la productivité des jardins et des vergers. On chantait ensemble pour repoussait les esprits malveillants. On se réunit et on chante toujours , la veille de Noël.
L’elfe de Noël
L’elfe de Noël est une relique d’une époque où les gens croyaient encore largement aux êtres surnaturels et magiques. Aujourd’hui, l’elfe est un ouvrier sous-payé et surexploité, s’échinant à produire toujours plus dans une usine de jouets en Chine, aux ordres du Père Noël, acariâtre et obsédé par le closing annuel.
L’elfe trouve ses origines dans d’anciennes croyances païennes qui remontent aux mythes nordiques sur l’ álfar, elfe en vieux scandinave médiéval. Les elfes étaient considérés comme des créatures redoutables qui exigeaient le respect. S’ils se sentaient insultés, ils pouvaient se venger en tuant une vache, en cassant des objets ou même en enlevant un membre de la famille. Pour se prémunir de tous risques, des mesures sérieuses étaient mises en place pour les apaiser et gagner leurs faveurs. On leur laissait des friandises. Le sucre a toujours été une stratégie imparable pour gérer les terroristes en culottes courtes de 2 à 102 ans. Ou alors, les mécréant nordiques exécutaient des danses rituelles.
Magie des cloches de Noël
La magie de Noël est présente également dans les cloches médiévales. Les cloches étaient considérées comme une force vitale possédant une âme. Elles étaient attachées aux vêtements, portées comme des amulettes. Les enfants et les animaux en avaient une autour du cou pour les protéger des esprits malveillants. Un peu comme nous faisons porter à nos enfants aujourd’hui des médaillons religieux ou de l’ambre autour du cou.
Pendant la christianisation de l’Europe, et particulièrement pendant la période médiévale, les églises ont commencé à utiliser des cloches pour appeler les gens au culte mais aussi pour repousser les démons. Avec leurs propriétés magiques, les cloches sont étroitement associées à Noël, qui tombe à une période de l’année où les esprits ont un accès direct à notre royaume temporel. Elles ont été utilisées pour chasser le mauvais sort et les vilains esprits. Les rennes du Père Noël portent aussi des cloches.
La magie de Noël est toujours là
Ces traditions rappellent le contexte plus large dans lequel la magie de Noël s’est développée, grâce à des êtres magiques, des charmes magiques, des plantes magiques.
Ces coutumes rappellent que si les occidentaux ne croient généralement plus à la magie dans son utilisation de pratiques rituelles pour manipuler le monde naturel et surnaturel, Noël reste la seule période de l’année où ce mot est largement utilisé.
En dehors de cette période, nous rejetons l’idée que les miracles sont possibles. Et c’est bien dommage.