Une grande décision à prendre ? Lancez une pièce et vous serez plus heureux. Très sérieusement, osez jouer cette décision à pile ou face.
La recherche montre que laisser le hasard décider pour nous, nous fait nous sentir beaucoup mieux que lorsque nous devons décider par nous-mêmes.
Les gagnants n’abandonnent jamais. Ou en tout cas rarement. Et les lâcheurs ne gagnent jamais. Et quand ils gagnent, c’est souvent à la loterie.
Lorsque nous décidons consciemment de faire quelque chose, c’est avec l’intention pas toujours avouée que cette action maximisera notre bénéfice. On doit y gagner quelque chose. Ne serait-ce qu’un sourire et un merci. En tout cas, on ne doit rien y perdre. Ça s’appelle l’aversion à la perte.
En d’autres termes, si nous devons prendre la décision de changer, alors nous devons en tirer quelque chose de bien ou même de mieux.
Pourtant, changer le cours de sa vie est intimidant. Et plus la décision est conséquente comme quitter cet emploi, retourner à l’école ou rompre avec votre partenaire, plus nous éprouvons une paralysie d’analyse. Nous avons peur de perdre au change.
Il existe une façon de s’en sortir sans trop se sentir responsable des conséquences. C’est de lancer une pièce. Puisqu’on peut se dire, à postériori, que nous n’y sommes pour rien. Le hasard a décidé pour nous.
L’impact d’un tirage au sort sur les décisions majeures de la vie révèle que nous sommes tout à fait prêts à accepter le changement aussi que longtemps que nous n’en sommes pas directement à l’origine.
Nous sommes impatients de changer, d’évoluer. Mais nous ne sommes certainement pas prêts à endosser la responsabilité préjudiciable des changements qui impactent nos vies.
Pourtant, le changement nous rend plus heureux. Mais alors, pourquoi avons-nous besoin d’une pièce pour nous dire de le faire ?
Eh bien, sans surprise, notre instinct de conservation nous rend extrêmement prudents lorsque nous nous aventurons dans l’inconnu. Nous devenons frileux et prétendons être en plein collecte d’informations supplémentaires. Il est possible de rester toute notre vie en mode « collecte de preuves ». Nous retardons la prise de décisions importantes parce que nous estimons que les données sont insuffisantes, espérant qu’il y aura plus d’informations éclairantes au coin de la rue. Du coup, on se dit qu’il est plus judicieux d’attendre juste un peu plus longtemps. Mais on ne fait rien. On est paralysé, dans l’expectative.
Mais, lorsque nous sommes vraiment à la frontière entre deux options, quelque chose d’aussi subtil qu’un tirage au sort peut suffire à nous faire basculer dans une direction. C’est pour nous un signe envoyé par la Providence.
C’est la puissance des aides aux décisions dites aléatoires. Le retournement de pièces nous permet de sortir de la paralysie d’analyse
Lancer une pièce de monnaie ou lancer un dé, exemples classiques d’aide aux décisions aléatoires, contourne ce besoin perçu de plus d’informations en nous donnant une direction claire qui nous fait oublier nos craintes. Une direction explicite, bien que complètement aléatoire, suffit à satisfaire notre besoin psychologique de certitude.
Ceci, associé à un espoir préexistant sur la façon dont nous voulons que les choses se passent, accélère notre processus de prise de décision. Pensez au sentiment éphémère mais perceptible de plaisir ou de déception une fois que la pièce atterrit sur la face que nous souhaitions voir.
Le lancer de pièces réduit les regrets
Le regret est un état émotionnel étroitement lié au contrôle perçu. Lorsque nous regrettons d’avoir fait ou de ne pas avoir fait quelque chose, c’est parce que nous sentons que nous avions le pouvoir de faire autrement. Ce qui s’est passé n’a pas maximisé notre bénéfice. Nous ne pouvons alors nous en prendre qu’à nous-mêmes.
Et si on lançait une pièce ? Engager une aide à la décision aléatoire signifie renoncer à une partie de ce contrôle perçu et l’attribuer à une autre entité, supérieure à nous. Qui est dans ce cas, est le hasard.
En conséquence, nous passons moins de temps à ruminer les coûts d’opportunité et plus de temps à explorer les avantages potentiels de notre décision. Après tout, c’était du 50-50. Soit ça passe, soit ça casse.
Le retournement de pièces apporte la clôture espérée.
Imaginez ceci : vous êtes au restaurant. Vous lisez le menu. Vous décidez de ce que vous vouliez manger. Du coup, vous fermez le menu et le posez.
Imaginez maintenant que vous ne fermiez pas le menu mais que vous le laissiez ouvert sur la table, devant vous.
Pensez-vous que vous soyez plus susceptible de changer d’avis, à différentes reprises, sur ce que vous voulez manger ?
La clôture des choix fait référence à notre perception qu’une décision est définitive. Lorsqu’il s’agit de grandes décisions, nous nous attendons à être satisfaits du résultat choisi. Voilà pourquoi, l’utilisation d’une aide à la décision aléatoire, comme lancer une pièce de monnaie, peut nous permettre de conclure. Et donc, de passer à autre chose.
D’autant plus, qu’une fois que le tirage au sort clôture le champ des possibles, alors contester ce résultat nécessite un effort cognitif supplémentaire et donc nécessite de DEVOIR choisir à nouveau.