Première partie du Malleus Maleficarum

Le Malleus Maleficarum, qui signifie marteau contre les sorcières, fut largement utilisé dans le cadre de la chasse aux sorcières qui débute au 15ième siècle, en Europe.  

La première partie du livre, qui traite de la sorcellerie, affirme que les femmes, à cause de leur faiblesse naturelle et de leur infériorité intellectuelle, seraient, par nature, prédisposées à céder aux tentations de Satan. Elles seraient donc, selon Kramer, coupables de tous les maux de par leur naissance.  

Voici l’histoire des chats démoniques de Strasbourg. C’est l’un des récits de sorcellerie les plus intéressants issu du Malleus Maleficarum, livre publié par l’inquisiteur alsacien Heinrich Kramer en 1487. L’histoire se serait déroulée dans la région de Strasbourg.  

Les Chats démoniaques de Strasbourg, selon l’auteur, prouve que les femmes sont toutes des sorcières. Et l’homme en est toujours la victime.

Voici l’histoire 

Un bûcheron coupait du bois dans sa cour lorsqu’il fut soudainement attaqué par un chat.  

Lorsque le bûcheron essaya de se débarrasser de ce dernier avec sa hache, un autre chat particulièrement vicieux arriva pour défendre son compagnon félin. 

L’homme essaya longtemps de chasser les chats. Mais chaque fois qu’il menaçait l’une des bêtes sauvages, un nouveau chat arrivait et se joignait à l’attaque.  

Bientôt, c’est comme si tous les chats de Strasbourg avaient déclaré la guerre à ce malheureux. 

Le bûcheron tenta de se défendre contre cette meute de chats pendant environ une heure. Il était seul dans sa cour. Et donc, la seule protection qu’il avait, était sa hache, ou n’importe quelle arme de fortune qu’il pouvait trouver qui traînait.  

Trois des chats en particulier semblaient être les plus virulents. L’attaque de l’armée à fourrure fut épique.  

Le bûcheron réussit à blesser les trois chefs. Le premier fut frappé à la tête, le second aux pattes et le dernier dans le dos.  

Finalement, voyant leurs chefs blessés, le groupe sauvage des chats s’enfuit, laissant le bûcheron une fois de plus seul et désemparé dans sa cour avec son bois à couper. 

Après s’être remis se son choc, l’homme repris son travail. 

Peu de temps après la fin de cette étrange bataille du bûcheron et des chats, des employés des magistrats de la ville sont arrivés à la cour et ont traîné notre malheureux bûcheron dans un donjonpiur y être présenté aux juges. 

Les juges de la ville ne s’entretinrent pas avec l’homme. Ils le dévisagèrent seulement avec toute la haine dont ils étaient capables.   

Les juges le mirent aux arrêts et le firent enfermer dans la cellule la plus profonde et la plus incommode de la prison locale, sans dire au bûcheron de quoi il était accusé,

Le bûcheron, déconcerté, plaida sa cause avec les geôliers pendant trois jours. Il affirmait qu’il était innocent et qu’il voulait parler avec les juges. Il réussit à convaincre ses geôliers en faisant appel à leur générosité. Du coup, les gardiens ont aidé le bûcheron à rencontrer les juges. 

Lors de la réunion, ces derniers ne voulurent rien entendre d’autre que des aveux circonstanciés.  

Pourtant, le bûcheron s’obstina à clamer son innocence. Furieux, les juges accusèrent le bûcheron d’avoir battu trois femmes respectées de Strasbourg. Leur ton était glacial, colérique et autoritaire nous dit Kramer. 

Bien évidemment, notre suspect rejeta fermement les accusations. Les juges lui parlèrent alors des blessures que le bûcheron aurait infligées aux 3 femmes.  

Il aurait frappé la première femme à la tête. La seconde a été blessée aux jambes. La dernière a été matraquée dans le dos.  

Les juges étayèrent alors les accusations en affirmant que les femmes étaient vivantes. Et qu’elles avaient témoigné contre lui. Les marques sur leur corps prouvaient l’agression. 

Lorsque le juge termina son discours, le bûcheron donna sa version des faits. Il raconta comment il avait été attaqué par une bande de chats féroces. Il dit comment les blessures des trois femmes lui rappelaient étrangement les trois blessures qu’il avait infligées aux chefs des chats pendant l’attaque dans sa cour.  

Quand le bûcheron eut fini de raconter son histoire, le juge et le magistrat réagirent comme si tout leur paraissait clair, normal et compréhensible. Ils en conclurent que l’incident était un cas de sorcellerie ! 

Et que, bien sûr, les trois matrones respectées étaient en réalité des sorcières détestables.  

Quant au sort ultime des trois femmes, l’auteur du Malleus Maleficarum reste vague. Il laisse entendre que les magistrats ont été cléments et les femmes épargnées.  

L’auteur, cependant, a essayé d’expliquer l’incident avec des théories se basant strictement sur la sorcellerie. Il en a conclu que les chats étaient des illusions démoniaques. Et que c’est par la sorcellerie que les traces des blessures ont été transférées aux corps des 3 femmes.  

Quant au motif, l’auteur affirme que cet acte de sorcellerie avait été commis pour faire emprisonner un homme innocent. Il n’en dit pas plus. 

Seconde partie du Malleus Maleficarum

La seconde partie du Malleus Maleficarum explique comment procéder à la capture, instruire le procès, organiser la détention et l’élimination des sorcières.  

Cette partie traite aussi de la confiance qu’on peut accorder ou non aux déclarations des témoins, dont les accusations sont souvent proférées par envie ou désir de vengeance.  

Le livre affirme toutefois que les indiscrétions, les ragots, les commérages et la rumeur publique sont suffisants pour conduire une femme devant les tribunaux. Et donc au bûcher.  

Par ailleurs, une défense trop crédible d’un avocat prouve que celui-ci est ensorcelé.  

Le manuel donne des indications sur la manière d’éviter aux autorités d’être sujettes à la sorcellerie.

D’ailleurs, pour rassurer le lecteur, il affirme que les juges, en tant que représentants de Dieu, sont immunisés contre le pouvoir des sorcières.  

Une grande partie est consacrée à l’illustration des signes, comme la patte de crapaud au blanc de l’œil, les tâches sur la peau, l’absence de tâches sur la peau, la maigreur, le surpoids, … 

Cette partie est aussi consacrée aux techniques d’extorsion des confessions et de preuves, notamment par l’eau glacée ou par le feu. 

Elle intègre également la pratique de la torture durant les interrogatoires. Il est en particulier recommandé d’utiliser le fer rougi au feu pour le rasage du corps dans son intégralité. L’idée étant de trouver sur le corps des accusées la fameuse marque du Diable qui prouverait leur supposée culpabilité. 

Les femmes, victimes corollaires

Ce livre qui se voulait sérieux et sur lequel des centaines de personnes ont été brûlées vives a laissé de profondes traces dans l’imaginaire collectif.

Par défaut, les hommes étaient toujours innocents et les femmes toujours coupables.  

Il est intéressant de corréler, historiquement et factuellement, le début de la chasse aux sorcières à l’expulsion définitive des derniers juifs d’Europe.

Il n’y a plus de juifs sur qui reporter la faute et sur qui se défouler. Reste alors les femmes, nouvelles victimes expiatoires de la folie issue de l’incompréhension des éléments naturels ou cultuels.  

Une bouteille à la mer

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