Moins d’un siècle après l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, ses compatriotes se sont lancés dans un autre assaut militaire ambitieux. Les Normands représentaient une puissance montante des deux côtés de la Méditerranée. Leur influence le long des côtes de l’Europe méridionale et de l’Afrique du Nord était une réalité. 

Roger I de Sicile

En 1070, le chroniqueur musulman Ibn al-Athīr rapporte cette histoire. Le comte normand Roger I de Sicile organisait une réunion. Ses conseillers lui dirent quelque chose qui l’irrita profondément. Alors Roger, en toute simplicité, lève la cuisse et lâche un gros pet. Mais, ne nous hâtons pas de conclure que les Normands sont plus célèbres pour leurs flatulences que pour leurs conquêtes.  

C’est dans ce contexte de conquêtes normandes que des messagers de Gênes et de Pise se sont pointés à la cour de Roger. Ils lui proposent de se joindre à eux dans une expédition militaire visant à mater une cité d’Afrique du Nord qui se la racontait trop.

Sachant que les Normands sont fortiches dans les conquêtes de nouveaux territoires, Gênes et Pise, qui cherchaient à se renforcer dans le commerce méditerranéen, proposent à Roger une alliance. Leurs chances de succès avec les Normands à leurs côtés étaient beaucoup plus élevées que sans. Mais Roger sait que les Italiens sont fortiches en négociations. Il sait qu’ils vont lui la faire à l’envers.

Roger refuse. Parce qu’il voyait gros comme une maison que si l’expédition réussissait, les bénéfices iraient principalement à Pise et à Gênes. Mais si elle échouait, ce seraient les Normands qui en subiraient les conséquences. D’autant plus que Roger avait récemment conclu une paix avec la cité Nord-Africaine. Il ne voulait pas risquer cette trêve pour un succès bien trop aléatoire et peu rentable.

Roger II de Sicile

 

Mais les Normands ne resteront pas longtemps les bras croisés. Au siècle suivant, l’héritier de Roger passe à l’offensive, avec ses Normands, en Afrique du Nord. Grâce à son habileté politique et à un ennemi divisé, il y établit un royaume.  

En 1105, le fils de Roger I, Roger II, qui était comte de Sicile comme son père, décide de se consacrer, tout seul, roi de Sicile. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Son royaume se trouve à une courte distance en bateau de la côte nord-africaine. De toute manière, il cherchait à se développer dans cette direction. D’ailleurs, il avait déjà renforcé sa position en Afrique.  

L’Afrique du Nord dépendait du blé de Sicile. De plus, les divisions internes des dirigeants Nord-Africains affaiblissaient le pouvoir local et fournissaient le prétexte idéal pour une intervention militaire normande.  

Lorsque les troupes de Roger prirent Tripoli en 1146, les fondations furent posées pour un nouveau royaume normand. Initialement, les premières expéditions n’avaient été que des actes de piraterie. Maintenant, le Roi Roger visait non plus les raids mais la conquête. Tunis se soumet rapidement et l’accepte comme seigneur. 

Les hommes de Roger avaient fait un travail rapide dans la province. Impressionné grave par ces progrès, le pape de cette période crée le nouvel archevêché d’Afrique. 

Les Normands semblaient inarrêtables. Ibn al-Athīr affirme que Roger aurait conquis toutes les terres d’Afrique s’il n’avait pas été distrait par « de nombreuses batailles » avec l’empereur byzantin.  

En effet, lors de la deuxième croisade (1147-1149), Roger II prend trop la confiance. Il décide de carrément conquérir et soumettre l’empire byzantin.  

Il était si fier de lui et de ses projets qu’il fit émettre des pièces de monnaie à son effigie, en Afrique du Nord. Et, en toute humilité, il se proclame, tout seul encore une fois, Roi d’Afrique. Mais cette fois, il clame au monde la royauté de sa personne en latin, en grec et en arabe.

La fin de Normands en Afrique

Le nouveau royaume nord-africain de Roger II attisait trop de convoitises. Chacun voulait sa part du gâteau. Du coup, les perspectives à long terme de son royaume africain commençaient à franchement s’assombrir. Tout commençait à partir en sucette.

De toute façon, sa mort en 1154 scelle définitivement son destin. Son fils et héritier se montrera incapable de garder les terres africaines conquises.  

Et bientôt, le royaume d’Afrique du Roi Roger est englouti par le califat Almohade, en pleine expansion. 

Mais ça, c’est une autre histoire. Et personne ne se souvient plus des Normands en Afrique ni de leur roi.

Une bouteille à la mer

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